Tramways à Québec et à Montréal: au delà du charme…

Tramway de Toronto
Crédit photo: Sabina Song – Wikimedia Commons

Alors qu’il y a plusieurs projets de transport collectif actuellement sur la table, dont un de tramway à Montréal et un autre à Québec, on peut se questionner à savoir s’il n’y aurait pas d’autres solutions moins chères qui pourraient offrir le même service, et même, qui sait, un meilleur service. Des autobus électriques, peut-être ? Pierre Langlois aborde le sujet.

Dans le cadre d’une entente nouée avec le physicien Pierre Langlois , Éco-Énergie à Montréal et Roulezelectrique ont obtenu le privilège de vous présenter le contenu intégral des infolettres qu’il publie sur une base régulière. Mentionnons que Pierre Langlois est consultant en mobilité durable, auteur et conférencier. Il est d’ailleurs l’auteur du livre Rouler Sans Pétrole, publié aux Éditions MultiMondes. On a pu l’apercevoir au petit écran dans des reportages consacrés aux hybrides rechargeables et aux batteries et voitures électriques, à l’émission Découverte, entre autres, où il a témoigné en tant qu’expert. Un gros merci à lui.

Les Tramway à Montréal et à Québec‏

Bonjour à tous

On voit beaucoup de gros projets pour les transports routiers ces temps-ci, le Pont Champlain, l’échangeur Turcot, le système léger sur rail (SLR) pour relier la rive Sud à Montréal, le tramway à Montréal et un autre à Québec. Ça fait beaucoup de milliards $. Bien sûr le Pont et l’échangeur sont incontournables.

Concernant les projets de transport collectif sur la table (SLR et Tramway), on ne peut être contre la vertu. L’avenir c’est les transports collectifs. Mais, dans un contexte économique difficile, la question qu’on peut se poser c’est n’y aurait-il pas d’autres solutions moins chères qui pourraient offrir le même service, voire un meilleur service?

N’oublions pas qu’on se doit de diminuer de beaucoup notre consommation de pétrole d’ici 2030, et qu’on va avoir besoin d’investissements très importants pour y arriver. D’où l’importance d’en avoir le plus possible pour notre argent.

Je suis le premier à reconnaître qu’un tramway ça fait joli, autant à Montréal qu’à Québec, mais… Je ne suis pas le seul à se poser des questions sur sa pertinence en 2013 au Québec. François Cardinal vient de publier un article dans La Presse, où il soulève des points de réflexion très pertinents. Voir:

Le tramway à Montréal: beaucoup de pensée magique…

Les 4 points principaux en faveur d’un tramway sont :

1) le fait qu’il est un transport électrique
2) sa capacité de transporter 12 000 passagers/heure/sens (3 fois plus qu’un système rapide par bus, SRB, avec une voie dédiée)
3) son confort
4) son apparence esthétique attrayante

C’est du moins ce qu’on retrouve dans le rapport du consortium Genivar-Systra dans le Rapport de synthèse [2013 (version 4.0), voir la page 22 en particulier] qu’on peut télécharger ici

Or, tous ces points pourraient être atteints avec des autobus électriques biberonnés (recharge ultra rapide), sans rails au sol ni fils au dessus des rues, sans difficulté pour monter les côtes et avec bien plus de flexibilité. Comment? Et bien voici, pour les 4 points mentionnés:

1) les autobus biberonnés (30 sec de recharge par km environ) sont électriques
2) en utilisant des «convois» de 2 à 3 autobus à simple ou double articulation, avec des quais d’embarquement similaires aux tramways on peut atteindre 12 000 passagers/heure/sens
3) on peut concevoir ces autobus pour que les gens soient assis confortablement
4) on peut designer des autobus articulés très attrayants, et en plus on n’a pas de fils au dessus des rues pour altérer le paysage urbain

Voici deux exemples de l’évolution récente des autobus.

http://www.bus-and-coach-photos.com/picture/number5454.asp

http://www.bus-and-coach-photos.com/picture/number2390.asp

N’oublions pas également que les autobus électriques à recharge ultra rapide sont déjà en circulation, et ne relèvent pas d’une utopie. Ce sont les nouvelles superbatteries au titanate de lithium nanométrique, développées à l’Institut de recherche d’Hydro-Québec, en bonne partie, qui rendent cette nouvelle technologie de transport collectif électrique très fonctionnelle. Voici deux exemples.

En Californie

En Suède, avec des moteurs-roues

Un tel système d’autobus à recharge ultra rapide coûterait bien moins cher à implanter qu’un tramway, car aucune infrastructure n’est requise pour les rails et les fils au dessus des rues. Quelques stations de recharge ultra rapides judicieusement espacées suffisent.

Les autobus électriques ont également l’avantage de pouvoir changer de parcours advenant un accident ou des travaux dans les rues, ce que ne peut faire un tramway. On peut également redéployer les autobus sur d’autres lignes, si le besoin s’en fait sentir. On a donc beaucoup plus de flexibilité.

En utilisant des autobus électriques biberonnés avec un prolongateur d’autonomie à carburant (très rarement utilisé), on s’affranchit également des problèmes de panne électrique.

L’entretien des rails de tramway en hiver peut être problématique, avec la glace. De plus, les feuilles qui tombent à l’automne sont mortelles pour la traction des tramways, rendant les rails très glissants (roues en fer sur rail en fer), ce qui est particulièrement problématique lorsqu’il y a des côtes à monter. Pas de problèmes avec les pneus des autobus pour monter les côtes.

Si on veut pouvoir transporter autant de personnes qu’avec un tramway, il suffit d’avoir des voies réservées et de long quais d’embarquement comme pour les tramways, avec des systèmes de synchronisation des feux de circulation contrôlés par un émetteur à bord des autobus. Deux ou trois autobus articulés électriques qui arrivent et partent en même temps vont donner le même débit qu’un tramway.

Les coûts d’opération/entretien des autobus électriques vont être réduits de beaucoup, dû à l’utilisation de l’électricité au lieu du carburant diesel, et au fait que les moteurs électriques et l’électronique s’usent bien moins et demandent beaucoup moins d’entretien que des moteurs thermiques (les prolongateurs d’autonomie ne seraient utilisés qu’en cas d’urgence).

À terme, les autobus pourraient constituer un train virtuel, avec un seul conducteur et un lien électronique contrôlé par logiciel, qui ferait qu’il se suivent à la queue leu leu.

Bref, soyons visionnaires, utilisons donc cette opportunité pour innover et faire mieux avec moins pour moins cher! On pourra ainsi se libérer plus rapidement du pétrole.

Bien cordialement

Pierre Langlois, Ph.D., physicien
Consultant en mobilité durable,
Auteur et conférencier

Téléphone : 418-875-0380
Courriel: pierrel@coopcscf.com
Site Internet: www.planglois.com

Pierre Langlois - consultant mobilité durable - auteur - rouler sans pétrole

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