Biomimétisme: des DEL plus lumineuses grâce aux lucioles

Communiqué

Des DEL plus lumineuses grâce aux lucioles

24 janvier 2013

Universite de Sherbrooke - Diode DEL à plus grande intensité lumineuse grâce aux Lucioles ( Biomimétisme )
Des chercheurs belges, français et canadiens ont imité la structure de l’abdomen des lucioles pour l’appliquer à une nouvelle couche de semi-conducteurs qui augmente de 55 % l’efficacité des diodes électroluminescentes (DEL)
Photo : fournie

Des chercheurs de la Belgique et de l’Unité mixte internationale (UMI-LN2) à l’Université de Sherbrooke ont réussi à augmenter de 55 % l’intensité lumineuse des diodes électroluminescentes (DEL) actuellement sur le marché.  Comment? Ils se sont inspirés de la structure de l’abdomen des lucioles pour l’appliquer à une nouvelle couche de matériaux qui optimise l’efficacité des DEL. Cette avancée est publiée dans le dernier numéro de la revue scientifique Optics Express.

Dans le cadre d’une collaboration internationale, les équipes de l’Université de Namur et de l’Université catholique de Louvain en Belgique ont analysé les structures photoniques provenant de la luminescence de la lanterne des lucioles, qui se composent d’arêtes vives empêchant les fuites de lumière.  Puis, ils ont théorisé un concept en dents de scie imitant l’abdomen de la luciole.

C’est là que les chercheurs à l’Université de Sherbrooke entrent en scène. Dans les laboratoires de l’Institut interdisciplinaire d’innovation technologique (3IT), l’équipe sherbrookoise a mis en œuvre toute la partie expérimentale du projet. Ils ont fabriqué le prototype bio-inspiré et ont recouvert des DEL d’une couche de matériaux pour améliorer de plus de 50% leur luminosité. « À court terme, un tel procédé pourrait facilement être utilisé pour des applications industrielles sans avoir à créer de nouvelles diodes. Quelques étapes supplémentaires au procédé permettraient de couvrir et de modeler la surface des DEL existantes », annonce Vincent Aimez, professeur de la Faculté de génie qui a dirigé les travaux de l’Université de Sherbrooke et codirecteur de l’UMI-LN2.

Les spécialistes des semi-conducteurs regroupés au sein du 3IT ont fabriqué 100 % des composants du prototype. « Notre savoir-faire est unique en milieu universitaire canadien dans le domaine des DEL. Pour financer ce projet, nous avons bénéficié de l’apport de partenaires industriels régionaux et de NanoQuébec », mentionne Vincent Aimez.

« D’autres chercheurs ont étudié les propriétés particulières de l’abdomen des lucioles pour les reproduire, mais à une échelle infiniment petite, c’est-à-dire nanométrique, fait valoir Vincent Aimez. Or la fabrication à cette échelle, beaucoup plus complexe, entraîne des coûts très élevés. »

Un nouveau procédé rentable

Vincent Aimez - chercheur Université de Sherbroke Del inspiré de l'abdomen des Lucioles
Le professeur Vincent Aimez

De leur côté, les scientifiques belges ont travaillé à une beaucoup plus grande échelle, de l’ordre de 10 micromètres, soit un centième de millimètre. « À cette grosseur, le procédé que nous avons conçu serait facile à industrialiser et très rentable », ajoute le professeur Aimez.

Des écailles à géométrie unique

Mais comment une luciole peut-elle libérer des photons? Les réactions d’oxydoréduction favorisent cette énergie. Cette faible quantité de lumière est extraite de l’insecte avec une très grande efficacité. « Nos collègues européens ont étudié la structure de la lanterne du genre Photuris, un organe lumineux, et ils ont découvert une configuration inattendue au niveau de l’exosquelette de l’insecte, une structure en écaille, qui augmente la luminescence de l’abdomen », explique le spécialiste des semi-conducteurs sherbrookois.

Comme le précise l’auteure de correspondance de cette étude, la doctorante Annick Bay de l’Université de Namur, les lucioles créent de la lumière par une réaction chimique qui se déroule dans des cellules spécialisées, appelées photosensibles, et ces étincelles de feu sont émises à travers une partie du corps de l’insecte, la cuticule. Puisque la lumière voyage plus lentement à travers cette couche externe que dans l’air, une portion de la lumière est réfléchie vers l’abdomen, ce qui atténue le signal lumineux. La géométrie unique de la surface des cuticules minimise les réflexions internes, favorisant une meilleure propagation de la lumière pour attirer d’éventuels prétendants. À cet égard, la partie ciselée de la cuticule qui émet la plus grande quantité de signaux lumineux a servi de modèle aux chercheurs. Cette découverte démontre l’importance d’observer la nature pour innover en recherche.

Informations complémentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *