Les enjeux de l’industrie de l’énergie ont été cernés, et une feuille de route voit le jour au CME Montréal 2010

Communiqué

MONTRÉAL, le 16 sept. /CNW Telbec/ – « L’industrie de l’énergie suivra la voie de la croissance durable, soutenue par les technologies actuelles et l’engagement à améliorer la communication avec les gouvernements et le public à l’échelle nationale et internationale ». C’est le consensus qui est ressorti des présentations et des discussions du Congrès mondial de l’énergie 2010, qui s’est achevé aujourd’hui. Ce congrès est organisé tous les trois ans et rassemble des leaders de l’industrie, des consultants, des représentants des gouvernements ainsi que des femmes et des hommes politiques du monde entier.

Le rapport final du Congrès, présenté à la cérémonie de clôture par Pierre Gadonneix, président du Conseil mondial de l’énergie, expose trois réalisations issues des quatre jours du Congrès :

  • Une nouvelle feuille de route pour l’industrie de l’énergie;
  • L’identification des contraintes et des possibilités réelles qui accompagnent les enjeux à relever au cours des décennies à venir;
  • Le balisage de la voie à suivre pour ajuster les politiques énergétiques et favoriser la coopération internationale.

Nouvelle feuille de route

L’objectif ultime de la nouvelle feuille de route est la croissance durable. À un moment où tous les pays s’efforcent de mettre en œuvre des stratégies pour sortir une fois pour toute de la crise financière, M. Gadonneix estime que la croissance est un but légitime. « La croissance, accompagnée de l’accessibilité et de la disponibilité de l’énergie, contribue concrètement à améliorer le niveau de vie de tous », a-t-il déclaré.

Selon M. Gadonneix, l’industrie doit tenir compte de trois enjeux pour parvenir à une croissance durable :

  • La stabilité de l’offre : Il faut investir dans de nouvelles infrastructures pour répondre à la demande. Le défi a été rendu plus difficile par la dernière crise financière et la récente montée en flèche des prix du pétrole et des produits de base. Comme l’a rappelé M. Gadonneix, de nombreux pays en développement ont consacré environ 4 % de leur produit intérieur brut aux importations pétrolières et gazières, voire 15 % dans certains cas.
  • La protection de l’environnement et les changements climatiques : Le secteur de l’énergie, qui est responsable de 60 % des émissions de gaz à effet de serre, est au centre du débat sur les changements climatiques.
  • Les inégalités au sein des pays et à l’échelle mondiale : Les inégalités entravent le développement économique et font chuter la demande. L’industrie doit s’attaquer au problème de la « pauvreté énergétique » qui prive deux milliards de personnes de sources d’énergie adéquates.

Contraintes et possibilités

Les technologies qui permettent de relever les défis du développement durable existent déjà. Du côté de la demande, M. Gadonneix a indiqué que l’industrie doit agir vite pour investir dans des bâtiments qui ne produisent pas d’émissions ainsi que dans des immeubles et des réseaux intelligents. Du côté de l’offre, on dispose de technologies concurrentielles, mais il faut poursuivre le développement dans les domaines du nucléaire, du captage et du stockage du carbone, des technologies photovoltaïques, du stockage de l’électricité et des biocarburants durables.

M. Gadonneix a indiqué qu’il y a suffisamment de ressources naturelles pour satisfaire la demande, mais que la répartition est inégale entre les pays. La stabilité de l’offre se traduira par une hausse des prix de l’énergie. On estime que les réserves pétrolières et gazières devraient durer encore deux siècles, et que le charbon restera abondant encore plus longtemps. Il y a assez d’uranium pour alimenter les centrales nucléaires pendant encore 200 ans. En outre, le potentiel de développement des sources d’énergie renouvelable, comme l’hydroélectricité, l’énergie éolienne et l’énergie solaire, est immense.

Toutefois, l’utilisation des combustibles fossiles est remise en cause en raison de préoccupations environnementales, et l’hydroélectricité et les autres sources d’énergie suscitent des inquiétudes liées à l’utilisation de l’eau et des terres. « Le lien énergie-eau-nourriture est un enjeu décisif qui fera l’objet des prochains travaux du CME », a-t-il précisé.

Pour M. Gardonneix, « Les innovations liées aux politiques, aux institutions et à la gouvernance sont tout aussi importantes que les innovations technologiques ».

Politiques et gouvernance

M. Gadonneix a fait valoir que les marchés ne peuvent pas régler tous les problèmes du secteur de l’énergie à eux-seuls. Des politiques publiques sont nécessaires, et celles-ci doivent s’appliquer tant à l’échelle nationale qu’internationale. « Nous devons parvenir à un nouvel équilibre entre marché et réglementation », a-t-il dit.

L’évaluation des politiques publiques sur l’énergie et le climat faite par le CME vise à établir des principes fondamentaux pour mettre en place des cadres réglementaires efficaces. « Les acteurs du secteur de l’énergie ont besoin d’objectifs à long terme, a affirmé M. Gadonneix. Un horizon de 2030-2050 est beaucoup plus réaliste qu’un horizon de 2020. Des politiques à long terme sont possibles à condition d’en surveiller les coûts, a-t-il précisé. Nous devrons notamment planifier le déploiement de diverses technologies, à commencer par celles qui sont au point, et en préparer d’autres pour le marché. Pour les technologies qui ne sont pas entièrement éprouvées, a souligné M. Gadonneix, la première étape consiste à miser sur la recherche et le développement ».

M. Gadonneix a poursuivi en disant qu’au fur et à mesure que les politiques prendront forme, les normes seront appelées à jouer un rôle de plus en plus important, et que les prix de l’énergie doivent encourager l’investissement. « Le CME invitera les divers intervenants à discuter de leurs expériences respectives sur la manière de répartir équitablement les avantages découlant de la croissance du secteur de l’énergie, a-t-il précisé. Les innovations comme les réseaux électriques intelligents et les maisons intelligentes peuvent servir de catalyseurs pour inciter les gens à changer leurs comportements et à prendre conscience de la valeur de nos ressources ».

Selon M. Gadonneix, les initiatives de chaque pays axées sur les énergies renouvelables doivent être menées dans un esprit de collaboration internationale. « Malgré la déception de certains à l’égard des résultats de la conférence de Copenhague, a-t-il affirmé, nous ne devons pas en sous-estimer la valeur. Plus de 140 nations se sont unies dans un effort de mobilisation sans précédent et en sont parvenues à une entente, a-t-il rappelé. Cela prouve que nous sommes conscients des enjeux actuels et qu’il y a une véritable volonté de passer à l’action. La conférence de Copenhague nous a donné l’élan qu’il fallait pour réagir de façon concertée à l’échelle mondiale ».

M. Gadonneix a prévenu que la crise financière ne doit pas servir de prétexte au protectionnisme et au repli sur soi. « Nous devons établir des politiques publiques solides et efficaces si nous voulons atteindre les cibles approuvées par plus de 70 pays dans le cadre de leurs engagements respectifs, a-t-il dit. Nous devons également mettre au point de nouveaux outils pour canaliser efficacement les fonds privés et publics et favoriser, entre autres,  le transfert technologique ».

« La croissance durable n’est plus une option, a-t-il conclu. C’est une nécessité ».

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